romans

Une ode au bonheur. Les 17 valises. Roman-Isabelle Bary

Ce qui importe, ce n’est pas la vie qu’on a reçue mais la manière dont on la vit. Alicia Zitouni est ce genre de femme qui a tout pour aller mal. D’origine marocaine, elle est née en Belgique, mais ne se sent ni d’ici ni de là-bas. Elle sillonne une vie chahutée et marquée au fer rouge par un environnement violent, enfermant, acculturé et soumis au diktat des hommes. Pourtant Alicia rayonne. Elle transpire cet enchantement pour la vie qui permet de la traverser les bras grand ouverts, quel que soit le cadeau de naissance. Lorsque Mathilde Lambert – jeune femme moderne qui a tout pour aller bien – décide d’écrire un roman inspiré par le destin étonnant d’Alicia, elle est loin d’imaginer que ce projet va bouleverser sa vie. En se glissant dans la peau de son héroïne, elle découvrira, au bout de sa propre plume, une manière d’appréhender l’existence aux antipodes de la sienne. Elle pénétrera les mondes invisibles des croyances et de l’imaginaire et se laissera porter par la grâce d’envisager le monde avec poésie. Elle comprendra enfin pourquoi, d’elles deux, c’est Alicia qui souriait le mieux.

Isabelle Bary tisse, dans son dixième livre, le portrait d’une femme aux origines métissées et au lourd passé qui gagne sa liberté en posant un regard particulier sur les choses de la vie. Elle a ce pouvoir de transformer les fardeaux de son existence en cadeaux. Et si nous étions tous dotés de cette force-là ?

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PREMIÈRES LIGNES

4 septembre 2018

Son vélo est posé sur la dune qui domine la plage. De loin, on dirait qu’il flotte dans le ciel. Je souris, fière d’avoir deviné ses intentions matinales. Je range mon scooter à l’abri du vent qui brise le silence de l’aube, puis j’emprunte le sentier qui mène à la crique, en contrebas. Elle a dû dévaler adroitement les rochers, la descente est délicate, mais pas redoutable. À mi-parcours, j’aperçois sa serviette étendue sur le sable sous un tas de vêtements. La plage est déserte. Je détaille ses nippes jetées en boule, elle a tout ôté. Tout cela présage la baignade. Pourtant personne ne flotte sur la mer. Une, trois, six minutes, Alicia ne réapparaît pas.

Je suis arrivée à Essaouira la veille. J’avais réservé une place à l’avant de l’avion, rangée 6, côté hublot. Voir la terre, puis le bleu du ciel juste après l’inconfort des nuages me rassure. J’ai rangé mon sac sous le siège avant et glissé mon paquet de mouchoirs, mon bouquin et mes mandalas à colorier dans la pochette en treillis où se trouvent les consignes de sécurité. Puis, mes écouteurs vissés sur les oreilles, j’ai regardé le flot des gens qui s’engouffraient un peu sauvagement dans l’appareil. J’ai hésité entre avaler une nouvelle salve de gouttes de Fleurs de Bach ou prendre le cachet anxiolytique que m’avait recommandé mon médecin. L’avion ne tarderait pas à décoller et j’ai opté pour le verre de vin en vol. Quelques gorgées devraient suffire à me relaxer, même si au stress de l’avion s’est ajoutée l’excitation de rejoindre Alicia. Le steward a arpenté le couloir en vérifiant le bouclage des ceintures. La mienne était déjà abusivement serrée depuis l’instant où j’avais pris possession de mon siège. L’avion était sur le point de s’arracher du sol. Mon voisin a fermé les yeux. Je l’ai imité, pour ne plus penser ni à la terre, ni au ciel, ni à ma double agitation qui flottait entre les deux. Je n’ai plus pensé qu’à la plage qui m’attendait là-bas.

La presse

Ce que les lecteurs en disent…

Les blogs

On a parlé du livre "Les dix-sept valises" sur :

  • "Isabelle Bary fait désormais partie de ces auteures belges dont on attend le prochain livre…"
    — Nicolas Gaspard, Chérie FM

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  • Itw du bookstagrameur François Coene

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  • Émission Eddy Caekelberghs RTBF/ Foire du livre 17/2/2019

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  • AUDIO – En débat: Isabelle Bary, la passion de l’écriture

    13 septembre 2018 par Jean-Jacques Durré

    Portrait

    Emission diffusée le jeudi 13 septembre 2018 à 11h sur RCF.
    La romancière belge Isabelle Bary publie son dixième roman,
    intitulé « Les dix-sept valises ».
    L’occasion de nous parler de sa passion pour l’écriture.
    Présentation: Jean-Jacques-Durré & Hervé Gérard
    Aller à l'émission…

  • Émission Sylvie Honoré Radio Vivacité

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  • Arabel FM Radio

    FM Radio
  • RTBF - Jour Première - Sophie Brems

    RTBF
  • Radio Judaica

    Radio Judaica
  • BX1 - LCR - Le Cour(r)ier Recommandé - David Courier

    Bx1-LCR Voir l'émission…
  • Émission Adrien Joveneau RTBF/ Foire du livre 17/2/2019
  • Tendances - Véronique Tyberghien
  • Radio Compile: Marie de Potter

Devenir qui on est. Baruffa. Roman-Isabelle Bary

Alice habite un cocon

Elle s’y invente avec brio un bonheur naïf et sans risque à l’ombre de ce grand frère qu’elle n’a jamais connu et où tous les mots, quand ils ne sont pas tus, portent des majuscules. Jusqu’à ce qu’une femme s’invite dans cette vie idéale. Pour la détruire et se l’approprier. Une femme qui va tout ébranler…

Parce que c’est là, dans le comble de l’inexistant, dans ce vide où elle croit avoir tout perdu que la vraie vie d’Alice, enfin, va commencer. Celle qui pique, gratte et pétille. Explose, surprend et épuise. Où d’autres vont pénétrer au hasard : une danseuse-peintre aux origines inconnues, une jeune graffeuse orpheline, un homme étrange qui lui parle italien, un directeur de radio locale qui marche un peu trop vite et un vieux musicien qui adore les histoires… Une vie qui osera s’aventurer jusqu’au bout de ce qui n’était pas prévu.

La seule en définitive qui vaut bien la peine qu’on en fasse toute une histoire.

Baruffa (querelle, en italien) est l’histoire d’une petite guerre. La pire. Celle qu’on mène contre soi. La plus savoureuse aussi quand vient le jour où on la gagne. Parce que d’histoire en histoires, on y aura retrouvé la sienne…

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Impression :

Anita Van Belle, écrivain

Il existe dans ce roman essentiellement psychologique une tension dramatique qui conduit peu à peu aux éléments d’une quête dont on a hâte de connaître l'aboutissement. L’antagoniste, manipulatrice perverse, y joue un rôle particulièrement réussi.

Des personnages s'y insèrent de façon très coulée dans des décors extérieurs au récit principal, lui apportant une dimension supplémentaire.

On y sent une volonté de distancier l’émotionnel immédiat en le mettant en perspective, qui témoigne d’une originalité dans le « déplacement » narratif.

Stylistiquement, la phrase est nerveuse et travaillée.

L'écriture musicale et enthousiaste

Premières pages

Je me réveille. L’aube encore. J’ai rêvé fort. Si fort que je tiens à peine en équilibre sur la frontière fragile entre la fiction et la réalité. Je bascule d’un monde à l’autre sans savoir de quel côté je suis. Tout, dedans, est flou. Je me souviens juste d’un petit animal à long nez. De quelques pans connus de mon existence revisités et mis sens dessus dessous par ce mammifère court sur pattes, insignifiant. Paradoxe. L’image est trouble, mais son impact intense. Le rêve s’en est allé. Son empreinte a gravé mes pensées. La petite fouine y demeure. Elle s’incruste. Elle attend. J’ai l’étrange sentiment d’avoir vécu toute une vie en une nuit et qu’autre chose, encore, me tend les bras. Mais quoi ? Qu’importe ! Ce n’est qu’un rêve, une vision chamboulée d’un morceau d’existence. Une chimère. Un « déjà vu ». Il n’empêche que j’ai l’esprit retourné, comme un gant en caoutchouc qui a quitté des doigts trop impatients de s’en débarrasser. J’ai la désagréable impression de monter un escalator à contre-courant, et ma seule crainte, bizarrement, est qu’il me soit impossible de donner un sens à tout ça.

Les histoires étranges permettent aux enfants de s’endormir, elles empêchent souvent les grands de trouver le sommeil.

Je reste donc là, subitement insomniaque, allongée et immobile, les yeux vissés au plafond sombre, prisonnière de cette fiction dont le souvenir s’effiloche avec l’éveil et dont, pourtant, je suis l’unique auteur. J’ai, seule, créé des personnages étonnants et je n’arrive pas à me convaincre de cette évidence. Une fouine ! Et moi aussi que, par le truchement du rêve, je suis parvenue à la fois à incarner et à observer.

Je m’appelle Alice. J’ai 38 ans et ce matin, au lever du jour, perturbée par une drôle de bestiole, j’ai l’audace d’une envie : me laisser surprendre par cette étrangeté. La laisser faire. Le rêve me colle. Diffus mais ardent. Le chaos règne dans mon monde imaginaire. Tout est délicieusement confus. Ça y est, déjà je ne contrôle plus rien. Alléluia !

J’ai besoin d’un café noir.

Mes doigts enserrent la tasse. Ils font toujours ça. Je laisse la chaleur leur faire du bien. Mes pensées vagabondent, virevoltent, se laissent aller… trébuchent. Elles n’ont pas l’habitude d’errer comme ça. Elles luttent. Elles attendent un signe, une directive. Rien ! Je m’inquiète. Pourtant, quelque chose se passe. Elles se posent. Charles vient de m’embrasser, et j’ai à peine senti ses lèvres sur les miennes. Il a dit « À ce soir », je crois. Les enfants sont chez maman. De cette vérité-là, au moins, je suis certaine. Mes doigts, lentement, ont quitté la porcelaine qui s’est refroidie. Je suis dans un état second. Je ne lève pas le store, je ne monte pas m’habiller, je ne peindrai pas la chambre de Chloé, comme je l’avais prévu. Je reste assise sur cette chaise de cuisine. Je m’installe dans la pénombre et le silence. C’est un vrai matin d’hiver bruxellois, froid et humide. Doucement, le souvenir m’envahit. Je le laisse venir. Sans résistance ni censure. Des images s’inversent et se superposent, comme dans mon rêve, puis se figent à une date précise : le 10 janvier 2002. Je me souviens bien de ce jour-là, j’avais uriné sur une languette de plastique et elle avait viré de couleur. J’avais pleuré de joie. Tout, alors, allait si bien…

Interview (mp3)

Interview Laurent Dehossay et Corinne Boulangier Culture Club, RTBF, ouverture de La Foire du Livre de Bruxelles (4/03/09)

Vidéo

La presse :

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Joie et surprise. La vie selon Hope. Roman-Isabelle Bary.

A obtenu le prix français Soroptimist de la romancière francophone

Premières pages :

New Delhi, 1991.

C’est sans doute la plus grande révélation que Hope eut dans sa vie : Sébastien Blom. Et lorsqu’il le vit pour la première fois, Hope fouillait les poubelles. Les coups du sort ont toujours cette fâcheuse tendance à se révéler dans les moments les plus ordinaires.

Hope fut le premier à l’apercevoir, dans la chaleur blanchâtre d’une Delhi de fin de jour, quand tous les intouchables, comme lui, sortent de nulle part pour affronter la ville, sa valse polluée et ses détritus.

Hope vit ses pieds d’abord, des baskets grises qui, comme toutes les autres, étaient passées sans le voir. Mais celles-ci réapparurent quelques secondes plus tard, à reculons, exactement dans leurs traces. Elles s’immobilisèrent devant lui et Hope se recroquevilla. Pour se mettre à l’abri d’une insulte ou d’un coup. Mais une main immense plongea vers lui, au milieu des déchets épars dont Hope avait espéré extraire une denrée comestible. La main l’a levé haut, jusqu’à un visage perplexe, tordu par la pitié et le dégoût. Malgré tout, l’homme l’a serré contre lui. Hope a posé sa tête au creux du cou de l’inconnu qui sentait bon les fleurs et le bois et il sut à cet instant précis que leurs destins seraient liés à jamais.

L’homme s’appelait Sébastien Blom. Il devait avoir moins de trente ans et c’était un ferangui 1. Hope ne s’appelait pas encore Hope, il était très jeune, orphelin et extrêmement petit pour son âge. Maigre, sale et malade. C’était un harijan 2.

Alors qu’il marchait lesté par ces quelques kilos de désespoir anonyme, Sébastien Blom décida de les baptiser « Hope ». Un sacré prénom de fille ! Mais Hope s’en fichait. Il ne comprenait rien, de toute façon, à son étrange langage.

Pour Blom, tout venait de basculer avec une brutalité fulgurante. Que lui avait-il pris ? L’instant d’avant, il allait parfaitement bien, marchant ainsi dans la foule et la moiteur, indifférent. Bravant sans plus la sentir la fumée suffocante des feux allumés le long de la route, croisant sans les toucher ces gens qui défilaient, enjambant ceux qui, assis pour la nuit, tendaient la main, contournant les travaux puis d’autres travaux, les égouts à ciel ouvert. Puis là, alors que, comme toujours, Delhi s’échauffait, empestait et klaxonnait, elle avait subitement cessé d’exercer sur Blom cette fascination aveugle qu’il lui vouait depuis son arrivée. Ce vertige abrupt le fit vaciller. Il serra plus fort contre lui son protégé. Il y avait ces bruits sourds, venus de partout qui semblaient soudain l’étouffer, ces fragrances trop épicées, ces regards suppliants, ce sâdhu qui prétendait améliorer son karma moyennant quelques roupies, puis cette femme aux yeux vides qui, comme lui, portait contre sa poitrine une petite chose ramassée et malingre.

Habituellement, Blom s’amusait à se laisser envahir par ce tourbillon de dingueries, par ces sensations contradictoires qui mêlent sur un même trottoir l’odeur du jasmin et de la pourriture ou la beauté irréelle d’une femme en sari et l’abomination d’un vieillard agonisant dans l’indifférence. L’Inde, c’était cela, l’imprévu au bout de la rue, cette impression de liberté totale dans un monde où tout semble possible, cette incroyable force qui, à son premier passage en Inde, l’avait fait s’agenouiller sur la terre pour l’embrasser. Puis là, d’un coup, il fallait marcher vite. Des choses enfouies depuis longtemps remontaient en lui et semblaient le rattraper. Il fallait foncer, fermer les écoutilles et s’engouffrer dans la nuit avec l’unique ambition de rejoindre l’hôtel.

Que s’était-il donc passé ? Regardant le crâne de Hope qui dodelinait contre son bras, Blom fut alors envahi par cette certitude : rien n’est éternel. Et ce pressentiment de n’être qu’un moment dans l’histoire de l’Univers l’accabla profondément. Il se demanda alors si Hope était conscient de cette évanescence. Si son jeune cerveau marqué par l’indigence et obnubilé par la survie réalisait qu’il allait mourir si on le laissait dans cet état. Ou si ce tourment de la fin des choses n’appartenait qu’aux gens comme lui, égocentriques, obsédés par eux-mêmes, leur image et leur avenir. D’ailleurs qu’était-il venu faire ici, sinon fuir son petit village belge dépourvu d’ambition ? Trouver l’aventure, la vraie vie. L’amour, en somme. L’insouciance aussi. Il avait plutôt bien réussi jusqu’à ce que Hope, d’un seul regard, perturbe son arrogance. Et Blom, d’un coup, s’était retrouvé face à lui-même. Il avait l’impression d’avoir le crâne fendu et que quelqu’un, à coups de pioche, fouillait son âme pour y trouver un objet perdu.

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Interview audio : Sacré cocktail RTBF

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Interview audio : Twizz Radio

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  1. Un étranger. ↩︎

  2. Un paria. ↩︎


Secret-famille. Ce qu’elle ne m’a pas dit. Roman-Isabelle Bary.

Quel est le point commun entre une quadragénaire moderne, belge et blonde du 21e siècle et un trappeur amérindien né dans les années ’20 ? Le sang ! Marie a quarante-sept ans. Avec Alex, son mari, et Nola, leur fille de seize ans, ils forment une famille bourgeoise contemporaine : un boulot accaparant, une indispensable vie sociale, un chien à poil long, des engueulades et des fous rires, des sushis le samedi, des impertinences d’ado avec un peu d’herbe fumée en cachette et, bien sûr, toujours trop d’Internet. Rien d’extraordinaire, en somme. Mais ça, c’était avant. Avant que Marie ne découvre le secret bien gardé du passé passionné et violent qui est le sien. Tantôt cruelle et tantôt drôle, émouvante et parfois désespérée, la révélation de ce secret tisse peu à peu une histoire qui rapprochera Marie de sa fille. Avec ce roman, l’auteure pose les questions qui nous taraudent : Faut-il révéler les secrets de famille ? La vérité est-elle toujours bonne à dire ? Comment et quand la dévoiler ? Parce que nous avons tous de vieux secrets, petits ou grands, Isabelle Bary célèbre, dans son neuvième livre, l’imagination, la mémoire, l’amour, l’humour et la joie de vivre comme alternatives au silence.

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PREMIÈRES PAGES

L’incident

Les doigts crispés sur le volant, Alex pilonna le frein. Marie poussa un petit cri qu’elle estima d’emblée ridicule : il n’y avait eu aucun impact. Un homme se tenait là, droit devant eux, au milieu de cette rue tranquille caractéristique des quartiers bourgeois. Un homme nu. Entièrement nu ! Alors qu’Alex se remettait de l’effort fourni pour éviter l’obstacle en récitant silencieusement un vers de Baudelaire, Marie calmait sa tachycardie en calculant le nombre de microsecondes qui auraient transformé ce moment surréaliste en cauchemar sanglant. Jamais ils ne sauraient qui était cet homme. Ni même son âge, s’il était beau ou moche, effrayé ou amusé. Les phares n’éclairaient qu’une certitude : le genre était masculin ! Lorsqu’Alex s’apprêta à le rejoindre, l’inconnu fit volte-face, leur offrant la version pile de son bas-ventre. En quelques secondes à peine, il avait disparu. On aurait pu croire alors que rien ne s’était passé. Sauf que Marie tremblait. L’incident avait éveillé cette chose en elle. Cette chose dont elle ne parle pas et qui l’habite depuis toujours. Non, pas depuis toujours, mais c’est pareil. L’effet est le même, tétanisant. Alex savait, bien sûr. Alors, il lui a caressé la joue puis, y approchant ses lèvres à la manière d’un baiser, il lui a susurré ce qui lui venait simplement à l’esprit : Ce type, Marie, avait la fesse molle ! Le rire était sans aucun doute le plus joli trait d’union entre ces deux-là.

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Haut Potentiel et Douance. Zebraska. Roman d’Isabelle Bary.

Nouvelle version revue et augmentée – format poche

Zebraska - Version 2020

Le nouveau Zebraska s’inscrira au cœur d’un cycle de conférences autour du thème de la différence et du vivre ensemble. Il sera aussi présenté dans plusieurs écoles du cycle supérieur.
Pour plus d’informations, contactez l’auteure via ce site.

À lire sur le même thème L’ombre du zèbre n’a pas de rayures.

Quand on est né avec une formule 1 dans la tête, piloter sa vie n’est pas tous les jours facile ! Martin Leroy, quinze ans et un brin atypique, en sait quelque chose. Il vit dans un futur proche où on ne fabrique plus de livre depuis des décennies. Un soir de Noël, il reçoit de la part de sa grand-mère un cadeau étrange : un roman intitulé Zebraska, dont le jeune héros n’est autre que son père. Lui aussi était un petit garçon Haut Potentiel, à une époque où l’on manquait encore cruellement de délicatesse pour apprivoiser la différence. Au fil des pages, la découverte de ce drôle d’héritage, transmis par une grand-mère touchante et burlesque, bouscule les certitudes de Martin. D’autant qu’il n’est pas étranger aux secrets bien gardés que renferme le récit… « Bienvenue à Zebraska, un monde peuplé de zèbres impertinents qui s’interdisent de ne plus croire en rien ! »

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PREMIÈRES LIGNES :

Nous sommes en 2055. J’ai quinze ans à l’époque. Comme d’habitude, je suis le premier à franchir la porte du lycée à la fin des cours. J’attends Louna et Scotty au sommet du grand escalier qui domine le centre-ville. C’est vrai que j’ai toujours eu un besoin obsessionnel de routine. Chaque objet doit avoir sa place. Si une Harley Davidson de ma collection de maquettes est déplacée d’un millimètre, ça me rend fou. Qui dit fou, dit colère. Malgré tout, je contrôle. Les étudiants commencent à envahir les marches, leurs lunettes holographiques sur le bout du nez. J’adore ce moment où chacun est plongé dans ses propres images, invisibles pour les autres. Je les regarde sourire, s’énerver, bouder, et je joue à leur imaginer des histoires fugaces. Mais cet après-midi je n’ai pas le cœur à inventer des mondes merveilleux. Mes amis n’arrivent pas. Quelques flocons se sont mis à tomber sur la ville. Il fait froid et je relève le col de ma veste. Je suis passablement énervé. À cause de leur retard, j’avoue, puis surtout à cause de ce bouquin qui me hante depuis des semaines. Une centaine de pages, trente mille mots à peine. Qui me font blêmir. Tout m’émeut toujours. Inaltérablement, tout m’angoisse. Louna arrive la première. Elle a relevé ses cheveux dans une pince en forme de fleur. Son visage est si parfait qu’il n’en existe aucun autre auquel j’aurais pu m’attacher. Louna, je l’aime. Depuis mes huit ans. Toujours la même petite amie ! Bien que cela me paraisse parfois surréaliste, j’aime penser qu’elle sera un jour la mère de mes enfants. Nous projetons de vivre sur une autre planète, d’où nous venons très probablement tous les deux. Elle s’approche en souriant – Louna sourit invariablement –, se hisse sur la pointe des pieds jusqu’à ce que ses lèvres touchent les miennes. J’aime ce tendre rituel, mais le fichu bouquin est plus fort que tout. J’ai beau essayer de le chasser de mon esprit, il me revient sans cesse et m’empêche d’être vraiment là. C’est bien tout mon problème, je n’ai jamais eu de bouton OFF. Et donc je mouline, jusqu’à l’épuisement. − T’es sûr que tout va bien, Marty ? – Hein ? Oui, oui, ça va ! Il y a ce mot surtout, Maudit, page 60 du fameux bouquin, qui me cogne de plus en plus dans la tête. Louna se love sous mon bras. La chaleur de son corps me fait l’effet d’un soleil sur le cœur. Je sais que je ne pourrai plus lui cacher mon secret bien longtemps. Scott arrive un peu après Louna, les mains au fond des poches, les cheveux hirsutes, presque hilare. Je dois avoir un air particulièrement suspect parce qu’il me dit : – Mais qu’est-ce que t’as ? T’es vraiment bizarre depuis quelque temps. À Scotty aussi, il faudrait que je parle. Avec lui tout a toujours été différent. Il est mon seul grand ami. Un vrai normo-pensant, pourtant ! Il peut me dire n’importe quoi, si ses mots m’atteignent souvent, ils ne me déchirent jamais. Peut-être parce qu’il sent un peu la pomme verte et que j’adore le mot pomme. Peut-être aussi parce qu’il n’existe rien de méchant en lui. Pourtant c’est un crâneur, un poseur, du genre qui n’a peur de rien, lui.

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Conférences dans les écoles

Interview

Interview audio : La Première
La librairie francophone, émission d’Emmanuel Kherad sur France inter
La vie du bon cote 3/11/2014 - Les surdoués
O positif - Véronique THYBERGHIEN › Qui sont réellement ces enfants « Haut potentiels » ?
BXFM - Evelyne Guzy - Melting Pot
RTBF Tendances Premières
RTBF Majuscules 2020

Cherie FM

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RTBF Tendances Première

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Coup de cœur sur France Inter

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Interview Radio Vivacité RTBF

  • La vie du bon côté animée par Sylvie Honoré. Le 26 mars 2021

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Émissions TV

  • TéléBruxelles, Le courrier recommandé (LCR) 23/01/2015

  • Bookstagramer Francois Coune décembre 2020

  • Interview Zelles juillet 2020

  • TVCom juin 2020

  • TV-LN24 Cause Toujours avec Brigitte Weberman janvier 2021

  • Journal télévisé RTL Info


Léger et subtil. Braine Blues. Roman-Isabelle Bary

Au printemps 2011, les Editions Luc Pire me proposaient d’écrire le premier roman d’une toute nouvelle collection : Kiss and Read, une histoire d’un genre nouveau destinée aux voyageurs, surtout aux voyageurs du train. Un roman de gare en quelque sorte, mais revisité, dépouillé de sa connotation péjorative. Il s’agissait d’écrire un roman court et distrayant. J’ai donc tenté de mêler l’humour et la légèreté à l’écriture enlevée qui est la mienne et cela a donné Braine Blues

Les émissions politiques de Nine Paulus lui ont taillé une réputation de femme brillante et moderne. Idéale. Et pourtant… Ballottée entre la radio, une maman tentaculaire, sa vie de célibataire et sa fille Lilou – qu’elle élève seule dans une jolie maison de Braine-l’Alleud –, Nine aimerait être insouciante et drôle.

Un jour, enfin, un brin de folie la prend. Nine saute dans un train pour Charleroi, rejoindre l’homme dont elle est séparée depuis cinq ans.

Mais la fantaisie la saisira là où elle ne l’attendait pas, dans ce wagon immobilisé pour raisons obscures, au milieu de nulle part. Un endroit figé et confiné où une vieille dame suspecte, une jeune femme enceinte, une couguar étrange, une adolescente boudeuse, un apollon et un homme bien mystérieux vont épousseter ses a priori sur la légèreté de la vie.

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Premières pages

Moi, Nine, quarante-deux ans

Vendredi. 16 heures. Le jour ne veut pas finir. L’après-midi s’éternise sur la préparation de cette émission politique que j’anime en direct tous les lundis matin. Il fait chaud dans les locaux de la radio et j’envie ces voitures qui déjà fuient la ville. Elles charrient la promesse de dimanches ensoleillés en ce début d’automne où les feuilles tardent à tomber. Le ciel porte des couleurs de miel et on devine les senteurs imaginaires des derniers barbecues.

J’éteins mon PC, agrippe mon sac et je file en douce. Pose mes lunettes solaires sur mon nez trop long, ouvre ma voiture à distance. Elle me répond par un bip rassurant, ma [BMW]{.caps} trop grande, trop rapide, trop farcie d’options parfaitement inutiles, mais si « sécurisante », comme dirait maman.

Je l’appellerai dans la voiture, maman, lui dirai de ne pas aller chercher Lilou à la danse, que je m’en chargerai… pour une fois ! Elle me demandera ce qui me prend, me répétera trois fois de ne pas arriver en retard, me dira que la rue est à sens unique et qu’il est interdit de se garer devant la porte cochère. Je lèverai les yeux au ciel en l’imitant silencieusement, ce qui fera sourire mon voisin de fortune, immobilisé dans sa propre carcasse au milieu de l’exode du vendredi soir.

Je vois la belle Natalia qui, d’un même geste, ouvre sa Mini cabrio de loin. Nos bips croisent le fer comme dans Star Wars. L’idée m’amuse : des stars, nous le sommes, en quelque sorte, et nous serions prêtes à ce combat au laser pour conserver notre job. « Salut Nine ! Tu fais quoi, ce week-end ? – Rien de spécial, du temps avec Lilou. Et toi ? – Shopping, virée nanas et grasse matinée. Bronzette dimanche. »

Je souris, moqueuse, devant tant de profondeur. Mais j’envie cette légèreté. Secrètement. Comme on rêverait d’un monde imaginaire où tout serait parfait. Pas de prise de tête, pas de réflexion, ni d’obligations, que du jeu, du jeu et du rire. Je regarde Natalia qui secoue son bras pour me saluer. Ex-Miss Belgique ou créature satanique, aux seins exorbitants et fesses orbiculaires, elle est belle, jeune, insouciante, pas très futée, mais gaie, si gaie. Un rayon de soleil qui anime un jeu idiot, tous les midis, et fait exploser l’audimat. Les gens qui l’écoutent (et qui ne l’ont pas encore vue en bikini dans un magazine people) doivent imaginer un petit brin de fille sexy et rieur.

Moi, je suis associée à Di Rupo ou Milquet, tout de suite, c’est moins drôle ! Un jour, alors qu’elle me complimentait sur la longueur de mes jambes (Natalia a trois sujets de conversation : le look, le sexe et son émission radio) et me conseillait de porter la minijupe, je lui avouai mes quarante-deux ans et l’incongruité de s’habiller de la sorte à ce stade plus avancé de la féminité. « Quoi ? C’est pas possible ! » avait-elle beuglé de sa voix haut perchée sifflant entre des lèvres d’une grosseur phénoménale. « Tu as qua-ran-te-deux ans, mais c’est dééééééééééééééément, presque comme ma mère ! » Je l’avais remerciée pour cette apologie. « Apolo… quoi ? » « Apologie », avais-je répété en détachant chaque syllabe, avec un air de dire j’ai peut-être presque le double de ton âge, cocotte, mais tu trimballes le désert au-dessus de tes sourcils. « A-polo-gie, compliment, si tu préfères. » Elle est viveuse. Je suis juste vivante. C’est d’un vexant ! J’ai des envies assassines.

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Etre femme. Le cadeau de Léa. Roman-Isabelle Bary

Elles ont un manque. Le savent, mais ne se l’avouent pas…

Quatre amies à l’aube de la quarantaine ont rendez-vous à l’occasion de l’anniversaire de l’une d’elles. L’endroit est insolite. Le cadeau mystérieux. Un homme au fond d’une cave les attend, qui, mois après mois, va transformer leurs existences confortables en chaos. Parce que le pire, c’est qu’elles reviendront. Sept fois !

« Elles », c’est ce genre de femmes qui « ont tout » et pensent qu’elles vont bien, parce qu’elles doivent aller bien.

Ce sont des femmes très différentes mais qui, à force de vouloir mener une vie parfaite, ont oublié comment être femme. Femme et rien que ça !

Leurs confidences, timides d’abord, parce que cachées derrière les convenances et les obligations que la vie et l’éducation imposent, vont se muer au fil de leurs rencontres étranges en histoires intimes où se mêlent souffrances, secrets et doutes. Ces héroïnes pas héroïques en viennent à se révéler, se chercher, quitter une certitude rassurante pour devenir ce qu’elles sont vraiment. Découvrant l’insuffisance de ce qu’elles croient avoir acquis, elles hésitent, vont et viennent entre leurs hommes et leurs enfants qu’elles entraînent avec elles dans leur nouvelle quête, celle de la liberté. Mais quel est cet homme capable d’un tel cadeau ?

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Impression

Impression :

Anita Van Belle, écrivain

« C’est une fiction très cohérente avec un beau travail stylistique. La forme est maîtrisée, on ne se perd pas dans l’intrigue amenée de manière habile et à laquelle on prend plaisir.

Ce que je préfère, c’est cette énergie mentale qui se dégage du roman et bouscule.

La sensualité féminine y est traitée sous un angle enlevé, parfois presque cru, qui est l’une des originalités du roman.

Les messages mis en scène sont contemporains, mais attaqués différemment de ce qu’on lit généralement.

Mais la plus belle réussite reste pour moi l’histoire d’amour entre l’héroïne principale et son mari, leurs luttes et leurs victoires contre, non pas le confort matériel, mais le confort moral de leur vie. »

Premières pages

L’hiver, un matin, le brouillard. Dehors, l’air est piquant, humide. Léa serre le frein à main et éteint le moteur de son 4X4. Léa. C’est joli, Léa ! En réalité, elle s’appelle Helena, mais tout le monde l’appelle Léa. Elle s’est garée devant le 282, comme convenu. Personne.

La buée fait des dessins bizarres sur le pare-brise, l’eau ruisselle, monotone, presque mortelle et l’essuie-glace ne balaie plus. Léa se demande où vont les gouttes, après. Léa attend. Elle déteste ça, perdre son temps, son précieux temps. Alors elle baisse le pare-soleil et se contemple dans le petit miroir. Il déforme un peu. Elle fait la grimace. Avec la pluie, personne ne peut la voir. Elle a le teint brouillé et le sourire de Calimero, des cernes un peu bleutés qui trahissent ses nuits avortées de jeune maman.

Elle est belle pourtant, Léa. Aucune indulgence. Au petit miroir du pare-soleil, elle envoie un regard violent, plein d’éclairs. Elle referme le miroir. De toute façon, c’est toujours lui qui gagne. Personne. Flûte ! Elle aurait encore pu passer chez le pharmacien pour le lait de Mathéo et jeter le courrier à la poste. Elle plonge ses grands yeux verts dans le rétroviseur, se sourit : pas si mal tout compte fait pour ses 36 ans !

Léa. Impossible de mesurer toute la sensualité de ce prénom. Trois lettres… comme un frisson sur la peau. Et elle, Léa, qui ne sent rien… elle voit, se voit, elle pense, elle s’inquiète, elle organise. Petit coup d’œil à sa Rolex. 13h15. Pourquoi donc est-elle arrivée si tôt ? Thomas doit être dans la cour de récréation maintenant. Est-ce qu’elle lui a donné ses vitamines ce matin ? Et Mathéo, première semaine à la crèche… il devrait dormir à cette heure-ci. Pourvu qu’il dorme.

Le portable de Léa retentit : « Show must go on », de Queen. Elle a bien envie de le laisser sonner. Et si c’était l’école, ou Victor, ou un éditeur ?

Plongée au fond du sac à main : mouchoir, rouge à lèvres, pochette à « bazar », papiers divers, biscuit light… portable… juste à temps… c’est Victor. Il a oublié de lui dire ce matin, la toilette fuit… si elle voulait bien appeler le plombier… oui, moi aussi je t’aime.

Hier soir ils ont fait l’amour. Victor avait l’air fatigué. Elle s’était sentie maladroite. Elle savait pourtant, ce n’était qu’une question d’hormones et de neurones. Quand les premières s’emballaient, les seconds ne pouvaient s’empêcher de quitter son cerveau pour s’échouer dans son petit ventre. C’était toujours pareil après les grossesses, l’esprit était comme dilué, vidé par l’utérus qui, creusé à son tour, criait famine. La tête allégée planait sur un corps mal dans sa peau. Elle était distraite, gauche, et au lit, un peu absente.

Elle se disait que ça devait ressembler à ce que ressentent les hommes avant l’amour : tout ce sang qui subitement fuyait le cerveau pour s’engouffrer dans leur sexe tout bandé de désir et les rendait, quelques instants fragiles, si divinement idiots !

Léa se sourit à nouveau. Elle y pense encore: Victor l’avait d’abord embrassée dans le cou, puis plissant ses yeux malicieux, il avait dit : « je deviens con ! ». C’était sa devise de l’amour, sa version virile du romantique « j’ai follement envie de toi ».

Coup d’œil furtif à la Rolex. 13h25. Mais qu’est-ce qu’elles fichent ?

Léa regarde son ventre, les fins bourrelets de peau qui s’y sont déposés avec tendresse. Victor a beau lui dire que c’est mignon, qu’elle est femme et plus gamine, elle trouve ça moche ! Et Léa se dit que même la peau a la mémoire des enfants. C’est trop injuste !

Ce qu’elle peut être bête ! À toujours vouloir suivre le programme imposé, sans faille, sans écart. Le disque dur aussi elle l’a avalé, pas de virus possible… tout est verrouillé… elle sera femme, mère, maîtresse, belle, intelligente, elle contrôlera tout, sa vie, celle des autres, elle travaillera, fera l’amour et les courses, c’est écrit, c’est comme ça… la perfection, cette idée fixe collée dans sa tête, dans son ventre.

« Show must go on ». Léa sursaute, cherche, vocifère, refouille… papiers qui volent et rimmel qui glisse hors du sac.

Écouter l'extrait

Interview (mp3)

RTBF. Culture Club, février 2008 : Corine Boulangier dans le cadre du Prix Première
Musique 3. Hamlet, avril 2008 : Nicole Debarre — Écouter l’interview

Ce que les lecteurs en disent…

Ce que la presse en dit…


Destins croisés. La prophétie du jaguar. Roman-Isabelle Bary

Ce roman a été encouragé par l’Académie Royale de Langue et de Littérature Françaises de Belgique

Au cœur d’un bout de forêt inexploré du Mexique, Laure, une jeune journaliste, a pris à cœur le destin d’une tribu menacée jusqu’à en perturber le sien.

Là-bas, on dit que le jaguar est le messager et le guide des âmes perdues.

Une légende qui la poursuit encore, lorsque, quelques années plus tard, dans un box d’écurie, Laure raconte son étrange histoire à Paul Schmidt, un talentueux maître d’équitation, isolé du monde par sa passion. Pourtant, Laure n’aime pas les chevaux et Paul Schmidt déteste les histoires.

Ces deux-là n’auraient jamais dû se rencontrer.

Pas plus que Grâce, 25 ans, 1m65 et 180 kilos ne devrait croiser Nono, un sans-abri perturbé par une vieille lettre qu’il finira par glisser sous la porte de la jeune femme.

Voilà donc l’histoire de la rencontre improbable de quatre personnages un peu « décalés » et que tout aurait dû séparer. Une rencontre qui va changer leur vie.

Doit-on voir là le fruit du hasard ou le retentissement d’une vieille légende maya importée par Laure et qui prétend que certains hommes sont sur terre pour annoncer à d’autres les grands bouleversements de leur destin ?

Ces hommes, dit-on, auraient l’âme d’un jaguar…

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Premières pages

Paresse de l’agenda.

Jour du bain. Le seul capable d’accueillir la longueur excessive de mon rituel.

Le bouchon du flacon d’huile me résiste. Mes doigts dodus prennent leur temps. Enfin, je verse. Le liquide se mêle à l’eau du bain puis se délace en perles visqueuses et onctueuses. Petits joyaux gras. Comme moi !

Je suis si loin de m’en douter : bientôt, mon monde va s’écrouler, dans cette odeur de vanille qui éveille en moi des rêves gourmands venus tout droit des desserts de l’enfance, vague souvenir d’amandes enrobées de lait et de caramel.

Je suis nue déjà. Debout. Au comble de ma toute ronde féminité. J’aimerais admirer les ongles de mes orteils que Julie a peints en rouge ce matin. J’ai mérité ce spectacle, résultat de trois heures de souffrance confiée à des mains virtuoses mais sans pitié qui se sont acharnées à accomplir ce dont je suis incapable : poncer, râper, couper et limer la peau et les ongles de mes pieds. Puis, poser un vernis brillant dont j’ai choisi minutieusement le nom : vermeil.

Impossible !

J’ai beau me pencher, au risque de tomber, je n’aperçois pas la moindre parcelle de peton. Parce qu’en plus d’être proéminente, j’ai le pied court !

J’ai vraiment hâte de me glisser dans le liquide chaud.

Allongée, la jambe légèrement surélevée sur le bord de la baignoire, je verrai enfin les cerises charnues de mes pulpeuses extrémités.

Odeur. Couleur. Touffeur saharienne. Tout est là. Même le verre de vin dont la robe me prodigue le plus bel avant- goût de la teinte tant convoitée de mes doigts de pied.

Du salon me parvient la voix grave de Nina Simone qui rivalise avec les bourdonnements de la rue.

« Putain, le chien, tu vas tout gâcher », vocalise un passant.

Je souris à cet étrange duo.

C’est l’instant !

Je me tiens ferme au mur carrelé, tente un pied dans le vide qui le sépare encore de l’eau. Le pose à l’aveuglette et me félicite de cette première victoire.

Mes fesses obéissent à la tyrannie de la gravitation universelle et la peur d’un déséquilibre fatidique me presse à ramener le second pied dans le bain. M’accroupir ressemble alors à un jeu d’enfant. Trois minutes. M’étendre sans me noyer m’inspire une douceur sans pareille. Deux minutes trente.

Alléluia, je flotte !

180 kilos en apesanteur !

Je vénère cet état d’illusoire légèreté.

Mes seins portés par l’eau font surface. Délice d’Archimède ! Tels deux sous-marins au ballast rempli d’air, ventrus et identiques, avec leur périscope planté sur de généreux flotteurs, ils n’attendent qu’un geste, tout petit coup de reins, pour voguer légèrement de gauche à droite sous la poussée d’un vent chimérique.

Je joue à ne plus rien peser.

Dire que dans quelques minutes, ce monde va basculer. Pourtant, tout, selon moi, devrait se dérouler comme prévu.

Bientôt Damien frappera à la porte de la salle de bains. Il entrera et fera semblant de s’affairer à une pratique urgente : un soupçon de gel dans ses cheveux déjà hirsutes, un nettoyage inutile de ses mains osseuses, un déplacement latéral de sa brosse à dents pourtant rangée. J’aurai encore les yeux fermés, tout accaparés par mon hypothétique circumnavigation. Lui, appréhendera le savon et, avec un naturel déconcertant, me hissera (avec peine cependant) hors de mes rêves graciles. Alors, de ses mains douces et tendres, il frictionnera mon dos, puis savonnera chaque parcelle de mon corps en y trouvant grâce.

Grâce. D’ailleurs, c’est mon prénom !

Désopilant, non ? À quoi mes parents me prédestinaient-ils donc ? Avaient-ils peur que je manque de chair ? Pourrait- on lire « grasse » dans leurs désirs inconscients ? Et les voilà alors exaucés ! À moins qu’ils ne m’aient désirée gracieuse… Raté ! Je n’ai jamais eu l’occasion de le leur demander. Je ne connais pas mes vrais parents. Ma mère serait morte en couche, et mon père doit ressembler à un ectoplasme, apparition fugace mue par l’envie d’une procréation dont il se serait ensuite bien vite séparé.

Bref ! Ils m’ont appelée Grâce, et je mesure, pardon je pèse, chaque jour l’indélicatesse de ce prénom malencontreux.

Vous parlez d’un cadeau ! C’est important, un prénom, les parents devraient en être conscients. Ça façonne et prédispose. Parfois, le mien ressemble à une damnation à laquelle je ne peux échapper, parfois il me chante qu’emmailloté dans cette chair, quelque chose de gracieux s’agite qui voudrait sortir de là.

Je n’ai jamais voulu en changer, sans doute parce que malgré tout le sarcasme qu’il contient, il est la seule chose qui me lie à eux.

La presse

Ce que les lecteurs en disent…

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