Le cadeau de Léa
Isabelle Bary
Éditions Luce Wilquin
ISBN 978-2-88253-358-6

Le Livre

Le cadeau de Léa

Temps de lecture de l’article : 6 minutes

Elles ont un manque. Le savent, mais ne se l’avouent pas…

Quatre amies à l’aube de la quarantaine ont rendez-vous à l’occasion de l’anniversaire de l’une d’elles. L’endroit est insolite. Le cadeau mystérieux. Un homme au fond d’une cave les attend, qui, mois après mois, va transformer leurs existences confortables en chaos. Parce que le pire, c’est qu’elles reviendront. Sept fois !

« Elles », c’est ce genre de femmes qui « ont tout » et pensent qu’elles vont bien, parce qu’elles doivent aller bien.

Ce sont des femmes très différentes mais qui, à force de vouloir mener une vie parfaite, ont oublié comment être femme. Femme et rien que ça !

Leurs confidences, timides d’abord, parce que cachées derrière les convenances et les obligations que la vie et l’éducation imposent, vont se muer au fil de leurs rencontres étranges en histoires intimes où se mêlent souffrances, secrets et doutes. Ces héroïnes pas héroïques en viennent à se révéler, se chercher, quitter une certitude rassurante pour devenir ce qu’elles sont vraiment. Découvrant l’insuffisance de ce qu’elles croient avoir acquis, elles hésitent, vont et viennent entre leurs hommes et leurs enfants qu’elles entraînent avec elles dans leur nouvelle quête, celle de la liberté. Mais quel est cet homme capable d’un tel cadeau ?

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Impression

Impression :

Anita Van Belle, écrivain

« C’est une fiction très cohérente avec un beau travail stylistique. La forme est maîtrisée, on ne se perd pas dans l’intrigue amenée de manière habile et à laquelle on prend plaisir.

Ce que je préfère, c’est cette énergie mentale qui se dégage du roman et bouscule.

La sensualité féminine y est traitée sous un angle enlevé, parfois presque cru, qui est l’une des originalités du roman.

Les messages mis en scène sont contemporains, mais attaqués différemment de ce qu’on lit généralement.

Mais la plus belle réussite reste pour moi l’histoire d’amour entre l’héroïne principale et son mari, leurs luttes et leurs victoires contre, non pas le confort matériel, mais le confort moral de leur vie. »

Premières pages

L’hiver, un matin, le brouillard. Dehors, l’air est piquant, humide. Léa serre le frein à main et éteint le moteur de son 4X4. Léa. C’est joli, Léa ! En réalité, elle s’appelle Helena, mais tout le monde l’appelle Léa. Elle s’est garée devant le 282, comme convenu. Personne.

La buée fait des dessins bizarres sur le pare-brise, l’eau ruisselle, monotone, presque mortelle et l’essuie-glace ne balaie plus. Léa se demande où vont les gouttes, après. Léa attend. Elle déteste ça, perdre son temps, son précieux temps. Alors elle baisse le pare-soleil et se contemple dans le petit miroir. Il déforme un peu. Elle fait la grimace. Avec la pluie, personne ne peut la voir. Elle a le teint brouillé et le sourire de Calimero, des cernes un peu bleutés qui trahissent ses nuits avortées de jeune maman.

Elle est belle pourtant, Léa. Aucune indulgence. Au petit miroir du pare-soleil, elle envoie un regard violent, plein d’éclairs. Elle referme le miroir. De toute façon, c’est toujours lui qui gagne. Personne. Flûte ! Elle aurait encore pu passer chez le pharmacien pour le lait de Mathéo et jeter le courrier à la poste. Elle plonge ses grands yeux verts dans le rétroviseur, se sourit : pas si mal tout compte fait pour ses 36 ans !

Léa. Impossible de mesurer toute la sensualité de ce prénom. Trois lettres… comme un frisson sur la peau. Et elle, Léa, qui ne sent rien… elle voit, se voit, elle pense, elle s’inquiète, elle organise. Petit coup d’œil à sa Rolex. 13h15. Pourquoi donc est-elle arrivée si tôt ? Thomas doit être dans la cour de récréation maintenant. Est-ce qu’elle lui a donné ses vitamines ce matin ? Et Mathéo, première semaine à la crèche… il devrait dormir à cette heure-ci. Pourvu qu’il dorme.

Le portable de Léa retentit : « Show must go on », de Queen. Elle a bien envie de le laisser sonner. Et si c’était l’école, ou Victor, ou un éditeur ?

Plongée au fond du sac à main : mouchoir, rouge à lèvres, pochette à « bazar », papiers divers, biscuit light… portable… juste à temps… c’est Victor. Il a oublié de lui dire ce matin, la toilette fuit… si elle voulait bien appeler le plombier… oui, moi aussi je t’aime.

Hier soir ils ont fait l’amour. Victor avait l’air fatigué. Elle s’était sentie maladroite. Elle savait pourtant, ce n’était qu’une question d’hormones et de neurones. Quand les premières s’emballaient, les seconds ne pouvaient s’empêcher de quitter son cerveau pour s’échouer dans son petit ventre. C’était toujours pareil après les grossesses, l’esprit était comme dilué, vidé par l’utérus qui, creusé à son tour, criait famine. La tête allégée planait sur un corps mal dans sa peau. Elle était distraite, gauche, et au lit, un peu absente.

Elle se disait que ça devait ressembler à ce que ressentent les hommes avant l’amour : tout ce sang qui subitement fuyait le cerveau pour s’engouffrer dans leur sexe tout bandé de désir et les rendait, quelques instants fragiles, si divinement idiots !

Léa se sourit à nouveau. Elle y pense encore: Victor l’avait d’abord embrassée dans le cou, puis plissant ses yeux malicieux, il avait dit : « je deviens con ! ». C’était sa devise de l’amour, sa version virile du romantique « j’ai follement envie de toi ».

Coup d’œil furtif à la Rolex. 13h25. Mais qu’est-ce qu’elles fichent ?

Léa regarde son ventre, les fins bourrelets de peau qui s’y sont déposés avec tendresse. Victor a beau lui dire que c’est mignon, qu’elle est femme et plus gamine, elle trouve ça moche ! Et Léa se dit que même la peau a la mémoire des enfants. C’est trop injuste !

Ce qu’elle peut être bête ! À toujours vouloir suivre le programme imposé, sans faille, sans écart. Le disque dur aussi elle l’a avalé, pas de virus possible… tout est verrouillé… elle sera femme, mère, maîtresse, belle, intelligente, elle contrôlera tout, sa vie, celle des autres, elle travaillera, fera l’amour et les courses, c’est écrit, c’est comme ça… la perfection, cette idée fixe collée dans sa tête, dans son ventre.

« Show must go on ». Léa sursaute, cherche, vocifère, refouille… papiers qui volent et rimmel qui glisse hors du sac.

Écouter l'extrait

Interview (mp3)

RTBF. Culture Club, février 2008 : Corine Boulangier dans le cadre du Prix Première
Musique 3. Hamlet, avril 2008 : Nicole Debarre — Écouter l’interview

Ce que les lecteurs en disent…

Ce que la presse en dit…

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